Quels sont les points-clés à ne pas oublier avant la mise à la reproduction d’une chienne ? Comment procéder pour que tout se passe bien ?
Il est certainement utile de rappeler que l’on aura au préalable effectué les radiographies de hanches et de coudes, sous anesthésie générale. Cet examen est indispensable afin d’exclure de la reproduction les animaux dysplasiques. La chienne aura été confirmée, dès 15 mois chez le berger allemand.
L’âge de la femelle mise à la reproduction a une influence directe sur les performances : c’est entre 2 et 4 ans que les meilleurs résultats sont obtenus. Il n’est pas toujours raisonnable de faire reproduire une lice au-delà de 7 ans, et encore moins s’il s’agit d’une première gestation.
Plus ou moins un mois avant la date présumée des prochaines chaleurs (l’intervalle entre deux chaleurs est généralement de 7 mois, même si le berger allemand présente souvent des intervalles plus courts), il est important de vérifier que la chienne est bien à jour de vaccinations. En effet, certains vaccins provoquent des anomalies congénitales s’ils sont effectués durant la gestation. La chienne sera vermifugée une première fois avec un vermifuge à large spectre. L’embonpoint est un autre point à surveiller. L’obésité augmente les risques de dystocie et donc la mortalité néonatale. Elle diminue ainsi la prolificité.
Le tout début des chaleurs est le moment idéal pour effectuer une prise de sang pour un dépistage de l’herpèvirose chez la chienne. En effet, les chaleurs sont responsables de la réactivation du virus et de sa circulation dans le sang (baisse d’immunité chez la chienne). Si la chienne se révèle positive, la vaccination sera envisageable sous la forme de 2 injections : une semaine après la saillie et répétée une semaine avant la mise-bas. Il sera nécessaire de revacciner la chienne à chaque cycle car l’immunité induite est de courte durée. Cette vaccination n’évitera pas une éventuelle contamination des chiots ou du mâle lors de l’accouplement. Elle empêchera néanmoins l’expression clinique de la maladie dans les trois premières semaines de vie des chiots.
Il est également important d’entreprendre le traitement antiparasitaire de la chienne. Pour les ectoparasites, soyez vigilants à utiliser un produit vétérinaire compatible avec la gestation et l’allaitement.
La vermifugation est essentielle. La toxocarose est responsable d’infection prénatale par passage trans-placentaire des larves. Les larves, enkystées dans les muscles de la chienne sont « réveillées » entre le début des chaleurs et le 42ème jour de gestation. Les chiots commencent, quant à eux, à héberger des vers adultes dans l’intestin vers 15 jours d’âge. mise-bas et au sevrage des chiots (à cause des risques de recontamination de la chienne par l’ingestion de méconium).
Chez les chiots, on commencera la vermifugation dès le 15ème jour de vie afin de diminuer la migration larvaire et de tuer les vers adultes présents dans l’intestin puis tous les 15 jours jusqu’à 3 mois. Les produits utilisés seront identiques chez la mère et les petits et de la famille des benzimidazoles (albendazole, oxfendazole ou fenbendazole). Les chiots pourront être vermifugés avec un vermifuge à plus large spectre à partir de 3 mois tous les 2 mois jusqu’à l’âge d’un an. La détermination du moment de saillie est une étape délicate.
Le suivi de chaleur est de loin le moyen le plus fiable. Il est à commencer dès le 5ème jour de chaleur chez le vétérinaire. Il s’agit d’une série de frottis vaginaux et de dosages de progestérone ou plus récemment de dosages de LH, hormone responsable de l’ovulation.
Le fameux créneau 9-15ème jour de chaleur comme période fertile est un critère peu fiable. En effet, un tiers des chiennes ovulent en dehors de ces dates. De plus, le cycle d’une même chienne ne se répète pas forcément d’une fois sur l’autre.
Les pertes vulvaires peuvent s’éclaircir et se raréfier au fur et à mesure de l’avancée du cycle. Certaines chiennes cependant perdent très peu ou au contraire tout au long de l’œstrus. L’acceptation de la saillie par la chienne n’est pas fiable. Certaine chiennes acceptent le mâle en dehors de leur période de fertilité, parfois beaucoup trop tôt ou trop tard. Les mâles expérimentés détectent parfois assez bien le moment optimal. C’est cependant difficile lorsque la chienne vit seule et que le mâle se trouve loin. De plus, certains chiens très (trop) expérimentés acceptent de saillir n’importe quelle chienne.
La durée de gestation chez la chienne varie de 56 à 72 jours après la saillie (la chienne pouvant être saillie avant l’ovulation). Lorsque l’on dispose d’une date précise d’ovulation, la durée se précise : 60-63 jours. On note peu de signes de gestation (prise de poids, mamelles tuméfiées…) avant la 2ème moitié de gestation, surtout si la chienne ne porte qu’un ou deux fœtus. Il est, de plus, parfois difficile de différencier une chienne gestante d’une chienne atteinte de pseudo-gestation.
Heureusement, d’autres méthodes permettent un diagnostic plus précoce et sûr.
L’échographie abdominale : dès 25 jours, elle permet de juger de la viabilité des embryons, de la structure des placentas et donne une idée de la taille de la portée.
Le dosage de la seule hormone spécifique de la gestation chez la chienne : la relaxine, produite par le placenta. Une simple prise de sang est réalisée dès les 20-25 ème jours de gestation. Un diagnostic de gestation négatif ne sera confirmé qu’au-delà des 28-30 ème jours de gestation. Elle ne permet pas un comptage des chiots, ni de dépister les avortements précoces.
La radiographie : assez tardive en raison de l’attente de la minéralisation du squelette, soit à partir du 45ème jour de gestation. Elle permet un comptage précis des chiots, sauf lors de portée égale ou supérieure à 8 chiots. Le risque d’erreur est alors de 20%.
Un diagnostic de gestation précoce permet également, d’un point de vue plus pratique, un envoi de la déclaration de saillie à la Société Centrale Canine dans le délai imparti des 4 semaines.
Un contrôle de progestérone peut être effectué à cette période. Il permettra de vérifier l’absence d’insuffisance lutéale, un taux de progestérone trop faible ne permettant pas le maintien de la gestation. L’insuffisance lutéale est fréquente chez le berger allemand, surtout dans certaines lignées.
En conclusion, je dirais qu’un suivi de reproduction mené avec attention, temps et compétence est la clé d’une pratique réussie tant pour la chienne que pour les chiots.
Dr Audrey Pierson,
Résidente ECAR, CERREC (Centre d’étude et de recherche en reproduction et élevage des carnivores domestiques),
Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon